I’d rather take coffee than compliments just now.

La tasse se cassa avec fracas sur le sol.
Le silence presque solennel qui régnait jusqu'à présent fut remplacé par le bourdonnement des employés et les excuses répétées de ce qui semblait être une jeune noble.

Rubren jeta à nouveau un coup d'œil à quelques documents qu'elle avait apportées avec elle, dans l'espoir de peut-être pouvoir avancer davantage, mais un regard à l'horloge lui indiqua que sa nièce ne devait plus tarder. D'une main, elle rassembla les feuilles et de l'autre, trempa les lèvres dans son thé froid. D'ordinaire, elle n'aurait pas apprécié, mais le temps était particulièrement agréable aujourd'hui et cette fraîcheur était bien accueillie.

Elle avait voulu s'éloigner de l'agitation de ville et des préparations, ne voulant surtout pas croiser un membre du gouvernement ou de la cour royale, encore une fois, et ce salon était vraiment la parfaite occasion pour survoler les affaires en cours.
En paix.
Si on lui parlait de nouveau de la décoration ou des rites qu'il serait éventuellement possibles de faire, la matriarche ne répondrait plus de rien. Oui, elle était la comtesse, mais il était connu que de nombreuses tâches étaient dorénavant tenues par sa fille aînée. Qu'on lui demande conseil encore aujourd'hui quand la majeure partie des informations n'étaient pas en sa possession la dépassait et l'irritait profondément. Parfois, avec lassitude, Rubren songeait parfois à quel point la transmission de son titre ne se ferait pas dans les meilleures conditions si sa fille ne se mettait pas un peu plus en avant. Mais la situation en tant que telle n'était pas évidente : son aînée a été élevée pour être comtesse et l'information était connue de ses autres enfants. De tout le monde d'ailleurs, sans exception. Elle devrait en toucher quelques mots à sa fille et peut-être lui déléguer davantage de projets...
Tellement perdue dans ses pensées qu'elle n'avait pas remarqué qu'elle tapotait du doigt sur la table. Cette histoire, songea-t-elle. Cette histoire pouvait encore attendre.
Ces quelques heures étaient réservées à Rowan, qu'elle ne voyait à sa grande déception, pas assez souvent. Si leur relation avait été plus distante quand l'aînée de sa cadette était plus jeune, Rubren s'était prise d'affection pour l'enfant et davantage encore quand elle avait constaté avec désapprobation que sa mère souhait la marier avec quelqu'un d'autre que l'homme que la jeune femme semblait aimer.
Evidemment, la comtesse abondait entièrement dans le sens de sa nièce concernant ses goûts en terme d'homme, si tenté que Rubren en avait étant donné que les hommes n'avaient jamais eu aucun attrait à ses yeux. Mais il était vrai que le statut de prince de Nikolaï n'était pas pour lui déplaire. Ni à elle ni à ses projets.
Alors ce revirement de la part de Lillian était incompréhensible. A tout point de vue. A croire que sa sœur n'avait aucune once de projection pour l'avenir de leur famille.

Sa tasse dorénavant vide, la comtesse s'apprêtait à en commander une nouvelle lorsque le visage de sa nièce apparu finalement dans son champ de vision, coupant le fil de sa reflexion.

"Rowan, ma nièce, comment vas-tu ? Un sourire sincère sur les lèvres, elle l'invita à s'asseoir en face. J'allais appeler quelqu'un pour qu'on me serve à nouveau. Que souhaites tu ? As-tu faim ? "